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HUMAIN


Imaginez que vous vous réveilliez un matin, en ayant perdu la mémoire : vous ne vous rappelez de rien, ni qui vous êtes, ni ce que vous êtes, ni où vous vous trouvez.

Vous allez devoir questionner, observer, enquêter. Vous allez recueillir toutes ces informations sans préjugés car vous ne savez plus rien… libéré de vos croyances, vous découvrez le monde !

C'est ce que je vais vous inviter à faire avec Humain. Une collecte d'informations, des constats simples, à la manière d'une enquête policière pour redécouvrir le monde, la nature, l'Humain et ses étonnantes capacités.

Vous réaliserez qu'en réalité, la technologie du vivant est bien plus complexe, bien plus évoluée et bien plus extraordinaire que les technologies humaines les plus avancées.

Alors que le moindre appareil est accompagné d'une notice, vous avez bien évidemment remarqué que l'Humain reste désespérément livré sans.


Dans la nature, paradoxalement, chaque animal, chaque végétal sait exactement ce qu'il doit faire dans toutes circonstances, naturelles, de sa vie.

Une femelle qui met au monde des petits pour la première fois sait qu'elle doit manger le placenta, qui va lui donner des forces, et couper le cordon de chacun. Elle n'a pas suivi de cours de préparation à l'accouchement, elle ne se l'est a priori pas fait raconter par quelqu'un d'autre, elle n'a pas lu de livres, et ne l'a pas davantage vu à la télé, mais elle sait instinctivement ce qu'il faut faire. Une tortue parcourt des milliers de kilomètres dans l'océan pour retourner sans GPS à l'endroit où elle est née. Certaines plantes femelles peuvent devenir mâles lorsqu'il n'y en a pas dans les environs, etc. Les exemples sont nombreux.

Ces constats génèrent tout de même des questions : comment les animaux et les végétaux savent-ils ce qu'ils doivent faire ? D'où tirent-ils ces informations ?

Et si eux en sont capables, qu'en est-il de nous ?

Pour emprunter une image au film Avatar de James Cameron, disons que dans Humain, nous allons nous intéresser à votre avatar humain, et à son environnement.

Peu importe que vous croyiez provenir d'une cellule ou d'un Dieu, seul le résultat compte.

Chacun de nous possède une machine unique, la plus extraordinaire que l'on puisse trouver à la surface de notre planète, et vous allez voir comme c'est agréable et stimulant de se rappeler à quel point elle l'est.

Humain, notre organisme vu sous l'angle d'une interface biologique : une machine dotée de capteurs sensoriels qui nous permettent de percevoir notre environnement. Car c’est ce qu’elle est exactement. Nous avons créé d’autres interfaces complémentaires, qui nous permettent de “dialoguer” avec un ordinateur, ou un smartphone, ou encore de nous immerger dans un monde virtuel, mais elles ne sont que des extensions de notre interface biologique naturelle.


La pire des choses qui pourrait arriver à un Humain, serait de se retrouver privé de l'ensemble de ses organes sensoriels. Il serait dès lors totalement isolé de son environnement, dans l'incapacité de communiquer avec quiconque, dans un temps qui paraîtrait infini, à condition toutefois d'être maintenu en vie artificiellement… triste perspective. Une de mes premières grosses claques cinématographiques traitait justement de cela : Johnny Got His Gun, de Dalton Trumbo.

Fort heureusement, si vous êtes en train de lire ce texte, c'est que vous disposez d'au moins un sens : la vue, ce formidable organe, d'une complexité et d’une minutie inégalées… un véritable petit bijou de technologie, extraordinairement élaboré, que je tenterai de vous montrer en détail : le dernier camescope ultra HD va faire figure de hache de pierre à côté.

Mais ce n’est pas là l’essentiel du film, sinon je n’aurais pas fait le trailer avec…

En voici un autre aspect : cette image de papillons, qui mérite une explication.

Il s'agit à droite d'un Caligo, une espèce de papillon vivant au Costa-Rica, et à gauche d'un hibou. La reproduction des yeux du hibou sur les ailes du papillon est étonnante : elle lui permet de se protéger de son prédateur naturel, un lézard arboricole, dont le prédateur est justement le fameux hibou en question.

Il est étonnant de voir que le papillon “imite” le prédateur de son prédateur : comment s'est-il retrouvé en possession de cette information - “le hibou fait peur au lézard” - pour ensuite la reproduire par ses couleurs ?

De même, l'Ophrys Apifera, une orchidée sauvage de nos contrées (la France), imite grossièrement le corps d'un faux bourdon :

grossièrement, vous ai-je dit, mais ce qu'il l'est moins, c'est le fait que la fleur exhale l'odeur - reproduit les phéromones sexuels pour être plus précis - de la femelle abeille. C'est ainsi un échange de bon procédé : croyant avoir affaire à une jolie femelle, le faux bourdon se frotte délicatement sur la fleur, pollenise l'orchidée puis retourne chez lui chargé de pollen.

La chose qui interpelle là-dedans, est de savoir comment la fleur parvient à reproduire un parfum - des molécules précises - alors qu'elle est sensée être dépourvue d'odorat, ou d'organe sensoriel lui permettant de percevoir ces molécules.


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